Blog / Fasciathérapie

GUIMBERTEAU – L’architecture du vivant

Les fascias sont un véritable organe participatif de l’équilibre physiologique

Voici une présentation des mécanismes de glissement de ce tissu « conjonctif », « connectif », d’après une interview de Jean-Claude Guimberteau (Ostéomag-11, 2012).

 

Jean Claude Guimberteau est chirurgien. Il écrit La souplesse mécanique du tissu vivant assurant le glissement est fascinante. Ses images chirurgicales (endoscopie, caméra, exploration en 3D sous la peau) reflètent la vie observable de notre matière vivante.

Le mécanisme de glissement des structures entre elles, responsable de la souplesse et de la plasticité du corps, fonctionne grâce à une organisation fibrillaire. Cette dynamique des fascias assure l’adaptation aux forces du mouvement, le retour à la position d’origine, l’interdépendance de toutes les systèmes biomécaniques et physiologiques. Cet écosystème permet d’expliquer la notion de forme et de changement de forme. Jean-Claude Guimberteau définit les fascias du point de vue chirurgical, comme un réseau collagénique, liquidien, fractal, architecturant.

Il a réalisé de nombreux films et ses observations l’ont amené à élaborer un modèle d’organisation tissulaire et de bio-tenségrité. Le fascia mobile, réparti, tel un voile, un tissage, sur toute la surface des structures, s’infliltre entre les fibres, entoure les muscles, les nerfs, les artères et les veines. Appelé « conjonctif », « connectif », il s’insinue dans tous les recoins autorisant un glissement optimal, progressif. Ce système micro-vacuolaire est à l’opposé de la vision traditionnelle d’une anatomie compartimentée.

Liquidien, son volume permet de résister aux charges compressives. De collagène ou d’élastine, ses fibres résistent aux tensions et aux contraintes. Vacuolaire, sa fonction permet le glissement et l’amortissement. Les vaisseaux sanguins adoptent leur changement positionnel sans rupture d’apport nutritionnel et sans risque de fractures tissulaires notamment lors de l’effort. Il en est de même pour les structures nerveuses, véhicules de l’information et pour les os, enveloppés par les fascias. Ce tissu continu, s’adapte aux sollicitations de traction, d’appui, d’étirement.

Relationnel et d’adaptation, le fascia pourrait-il être l’élément constitutif de notre corps ?

Cette architecture globalisante incite à remettre en question la segmentation du vivant, ouvrant de nouvelles perspectives pour le XXIème siècle.

© photo : Pierre Mahé

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